La valse

 

   Confrontée à ses débuts à maintes réticences, la valse a mis une vingtaine d’années pour figurer parmi les danses autorisées à la Cour du roi. La valse fit en effet scandale à ses débuts. A cette époque se dansaient essentiellement des quadrilles et des contredanses qui sont des danses en groupe, alors que la valse est une danse en couple, en position fermée, évoluant de manière indépendante. A une époque où les agissements entre hommes et femmes étaient sévèrement codifiés dans la société de noblesse,  elle permettait des rapprochements entre les gens de sexes opposés qui n’étaient pas autorisés en d’autres circonstances. Ainsi les couples de jeunes danseurs pouvaient converser en toute quiétude avec leurs danseuses, bien que les jeunes filles restaient sous l’étroite surveillance de leurs mères qui s’assuraient que tout se déroulait sans heurter les conventions sociales. Ces vers de Victor Hugo reflètent ce qui était perçu à l’époque dans la valse comme « inconvenant » :

« ...de voir le cœur aimé battre sur d’autres cœurs

Si vous n’avez jamais vu d’un œil de colère

La valse impure, au vol lascif et circulaire

Effeuiller en courant les femmes et les fleurs. »

Fort heureusement la valse séduisit également: 

« Cet exercice vraiment délicieux m’a toujours été cher, je n’en connais pas de plus noble, ni qui soit plus digne en tout d’une belle femme et d’un joli garçon ; toutes les danses, au prix de celle-là ne sont que des conventions insipides ou des prétextes pour des entretiens les plus insignifiants. C’est véritablement posséder en quelque sorte une femme que de la tenir dans ses bras et de l’entraîner ainsi, palpitante malgré elle... » 

(Alfred de Musset, Confession d’un enfant du Siècle – 1836)